





L’album FLIP représente l’ascension de Lomepal. Celui qui aime se qualifier de jeune galérien ou de bon à rien, s’est enfin fait reconnaitre à sa juste valeur. Depuis 2010, le rappeur bouffe du rap si ce n’est pas le sol après s’être mangé en skate. Que ce soit sur sa planche ou devant un microphone, Lomepal a voulu maitriser toutes les techniques, connaitre tous les détails de son terrain de jeu afin de s’exprimer du mieux possible par la suite. Revenons sur le parcours musical de Lomepal. Il a commencé à affuter son flow sur les bandes sons de vidéos de skate. Il aiguisait ses rimes et posait sa voix sur une musique de fond accompagnée par des bruits de board qui percutent le bitume ou glissent sur les rails métalliques. En 2013, Lomepal sort son EP Cette foutue perle, ce sera son premier succès au sein de la scène rap francophone. Invoquant des images planantes et insufflant des émotions malléables, il propose à ses auditeurs de s’immerger l’esprit tranquille, dans une atmosphère douce et mélodieuse. « Une sale vie cruelle » décrite par le rappeur, flotte avec légèreté sur son flow de paroles. Les démons s’adoucissent en prenant un bain musical pendant huit titres. Les deux EP suivants divergent, s’éloignant du cocon paisible et réconfortant. Seigneur et Majesté, sont des projets expérimentaux où le sens du rythme, les techniques ‘’pur et dur’’ de rap et le style Egotrip sont de mise. Lomepal sublime une vie « coincé entre le réel et la démence », celle d’un homme qui tourne et tourne tel un tourbillon dans la tourmente : « C’est douloureux quand des milliers de pensées s’entrecroisent / ma tête est brulante ce soir / Pour l’instant, j’attends qu’mon sang s’refroidisse / Tout se détraque, il serait tant que je me soigne ». Son dernier EP ODSL en collaboration avec le producteur Stow, introduit son premier album grâce à trois morceaux créatifs : R2D2, Achille et Oyasumi. En 2017, FLIP est dans les bacs. Le style musical dépasse les frontières du rap. Bien que marqué au fer rouge par ce genre musical, de nouvelles sonorités s’invitent sur le disque. Ne faisant pas semblant lors de la production de cet album authentique, Lomepal se montre tel qu’il est sous forme d’un triptyque : un fou de skate, un névrosé au style égotrip et un séducteur de femmes.
Présentation de la pochette


Pochette de l’album Flip
Présentation de la pochette
Cette pochette a été réalisée par le graphiste Raegular. La photographie plutôt insolite joue avec le deuxième sens du mot FLIP. Au-delà d’être une figure de skate, ce terme issu de l’argot décrit une émotion soudaine, celle qui mêle une situation surprenante et un état de stupeur. Lomepal provoque la surprise chez le spectateur grâce à ce visuel étonnant par son contenu. La pochette présente en gros plan, le rappeur travesti en femme. Il porte des accessoires connotés féminins : boucle d’oreille pendante et maquillage. De plus, l’épaule gauche découverte de son kimono à fleur nous laisse apercevoir la lanière de son soutien-gorge. Du fait de la couleur rose pâle à l’arrière-plan, nous avons tendance à associer Lomepal au genre féminin. Le rappeur joue avec les codes sociétaux et la confusion entre le genre et le sexe pour nous duper et ainsi créer une sorte de faille dans les règles genrées à suivre. La pochette semble nous questionner sur le rôle du genre dans notre identité sociale. Lomepal se met littéralement à nu pour son premier album. FLIP est une œuvre impudique. Sa popularité grandissante le privera d’intimité. Le regard ailleurs, Lomepal s’échappe de son image publique. Derrière cette façade, se trouve le logis d’un homme qui accepte des compromissions pour l’argent. A l’extérieur, la devanture expose son image. A l’intérieur, le rappeur se livre corps et âme au sein d’un studio musical. Lomepal détient une valeur marchande. Il se prostitue. La pochette introduit par analogie un thème récurrent dans son album : une sexualité décomplexée.
A contre-courant
Lomepal a arrêté de suivre les modèles préexistants. Au-delà de sa pochette inattendue, la tournée de son album FLIP témoigne de son état d’esprit Rock’n roll. Le rappeur a sillonné la France en vanne avec ses potes. Chaque concert s’est réalisé dans des skate-parks publics ou dans la rue. Y’a pas à dire, ça fonce la tête baissée : « On verra c’que nos erreurs créent / Bad boys ne connaissent pas les regrets ».
[Ray Liotta]
« ça veut dire quoi « le bien » ?
Je suis né, j’ai pas tout compris (moi pas comprendre)
C’est pas gentil d’être méchant
Mais c’est plus rentable que le bonheur des gens
La misère, ça impressionne moins qu’un salto
ça les ennuie comme le goût de l’eau plate
Ah, ce monde c’est bonne blague
Je lis les nouvelles pour me faire les abdos (lol) »
Digne d’une fin de journée estivale, l’instrumentale du morceau Ray Liotta crée une atmosphère smooth et chill. En musique de fond, les auditeurs sont prêts à siroter leur meilleur cocktail. Lomepal emploie un flow décontracté, et pourtant le contenu de son texte est cru et percutant. A sa lecture, on sent que le rappeur est profondément lassé de la nature humaine : « Tu le sais on s’habitue, oh non bientôt ça me fait plus d’effet ». Dans une société du spectacle où le divertissement est roi, dix personnes en train de se marrer compenseront deux qui pleurent. Acquérir une bonne répartie et un sens de l’humour piquant sont plus valorisants qu’une qualité d’écoute : « Ah, ce monde c’est une bonne blague ». Un texte éprouvant mais dont la musicalité accentue la teinte ironique et le fort lâché prise, à l’image de la phase : « Je lis les nouvelles pour me faire les abdos ».
[Palpal]
J’veux un monde où tout est gratuit
La société m’a rendu marteau
Je recompte tout c’que j’achète
Depuis mon premier MacDo
[…]
Peut-être que la richesse, ça rend pas heureux
Mais crois-moi la pauvreté, c’est un fleuve de douleurs
J’ai oublié mon parapluie
Pourvu qu’il pleuve des dollars
Inadaptable à ce système, Lomepal rêve d’une société qui ne miserait pas sur la course aux euros. Son idéal enfantin serait « un monde où tout est gratuit ». Depuis le plus jeune âge, le rappeur traine une boule d’anxiété qui lui a valu de nombreux troubles obsessionnels compulsifs (TOC). « Je recompte tout c’que j’achète depuis mon premier Macdo » en est l’un des exemples. En cela, il dit que « la société l’a rendu marteau ». Ses idées utopistes découlent d’expériences pénibles, des pénuries d’argent qui ont marqué sa vie, et son estomac : « J’ai la dalle, j’ai pas d’oseille, du son dans les oreilles, j’me crois à San Francisco » ou encore « y’a pas de gentilles fées qui viennent remplir mon assiette / Le jour où j’ai des millions, je mets beaucoup de gruyère / J’aime pas quand la bouffe invisible a un goût de cuillère. »
[Lucy – Lomepal feat Nepal et Doum’s]
« La vie ouais, c’est hard des fois, certains finissent hors de jeu
A bord d’Interstellar une première en forme de voeux
La vie c’est pas Arte, fuck, démoniaque comme Hortefeux
Pas mon but d’être ton modèle, j’suis ni ton père, ni ton frère
Les lois du marché sont austères : soit tu payes, soit tu crèves
Les politiques nous traitent de paresseux mais leurs postes sont fictifs
Te paraissent solide mais n’ont pas les soluces, de sombres collectifs »
A la fin du morceau, l’instrumentale se transforme pour mettre en valeur le pass pass de Nepal et Doum’s. La boucle rythmique ralenti son tempo. Les percussions laissent place à des notes de synthé en reverb (persistance du son dans la durée) et une grosse basse vibrante appuie tous les huit temps. « Ils ont fini quand y’avait plus d’ivoire par déterrer Lucy », voici la phase d’accroche du couplet. Une plongée dans les ténèbres à défaut de suivre le modèle : « Baise le sy-sy-système, t’aimes pas trop le 6-6-6 mais le 6-6-6 t’aime ». Lors de cette phase, l’allitération en ‘’s’’ invoque un serpent, assimilé au système, qui t’immobilise, te grimpe dessus puis t’enlace jusqu’à te briser le cou. Ce couplet dépeint une humeur qui se noircit dans un monde épris de folie. Reste plus qu’à calmer ses nerfs : « Nique les règles, nique le système, roule une grosse saucisse d’herbe ».
Skate
Le kickflip, ou simplement FLIP (nom de l’album) est une figure de skate. Ce tricks a acquis une importance majeure dans le milieu du skateboard, il est considéré comme le tricks initiatique, celui qui apporte la reconnaissance et le statut de skateur. Mode d’emploi : le skateur gratte avec son pied le grip sur sa planche d’une certaine façon pour que le skate se lève dans les airs et effectue une rotation complète autour de l’axe horizontal. Si le skateur attrape de ses pieds la planche avant qu’elle retombe au sol, le tricks est pleinement réalisé. Et à ce moment, le tricks est considéré comme ‘’plaqué [au sol]’’ ou ‘’calé’’. Le skateur lâchera son meilleur smile s’il réussit cette figure pour la première fois. Lorsque ce tricks de base est maitrisé, le skateur s’intéressera aux nombreuses variantes, et cherchera le style singulier qui correspond à sa glisse :« Beaucoup trop d’énergie en moi pour que je m’asseye / J’reste débout, toujours bien calé comme un feeble [figure de skate]». Tant que les os tiennent debout, le rappeur poursuit sa lancée sur l’asphalte : « J’ai pas fait de boxe thai mais j’ai des tibias qui ressemblent à des couteaux à pain. » Ce sport de glisse amène à continuellement contrer ses peurs et dépasser ses limites. Certains parleront d’imprudence pour décrire l’état d’esprit commun aux skateurs, et d’autres emploieront l’audace pour le qualifier. Une audace libertaire et intrépide car il s’agit de défier la mort : « Sauter cent fois les mêmes marches en braillant ‘’c’est mal’’ / Mais j’continuais jusqu’à c’que les croutes sur mes bras en aient marre ». SKATER, c’est connaitre des sensations indescriptibles que notre peur nous prive : « J’me sens immortel, faut rouler pour le croire ». SKATER, c’est s’approprier l’espace urbain et faire rempart contre l’enclavement et la gentrification de certains quartiers : « j’descend dans la rue comme à la fin des sixties ». Pratiquer le skate représente une des activités les plus simples et économiques. Si tu sais pas quoi faire, suffit juste d’une planche et de quatre roues pour que « la forêt de ciment » devienne un terrain de jeu : « Nouvelle board, nouveaux poignets, j’ai pas lu la notice / Aujourd’hui ça va skater comme un autiste ».


[Bryan Herman]
« Dix fractures, six entorses, ça renforce mais j’ai appris à aimer les bienfaits de s’ken
Board Nozbone, taille 8,5 : pour mes grosse chevilles, j’ai du confort en rab
Gros flow, gros morceaux, jamais un aussi bon rappeur n’avait vraiment fait de skate
« Feeble front, hardflip, jamais un vrai skateur n’avait été aussi fort en rap ».
L’instrumental du morceau sample la bande son d’une vidéo du skateur Bryan Herman. Lomepal ne perd jamais sa vitesse effrénée. S’il n’est pas sur son skate, il glisse sur la prod. Grosse basse, gros hat : le rappeur percute en rythme l’instrumental jusqu’à la surchauffe, « cerveau cassé comme la voix de Janis ». « Gros flow, gros morceau », Lomepal s’obstine à rapper avec un style soigné. Ce rappeur singulier cale ses meilleurs tricks sur la prod. 5 EP solo, 1 EP en duo avec le rappeur caballero et 1 EP avec son groupe éphémère Fixpen Singe ; Lomepal s’est perfectionné pendant 9 ans avant de sortir son premier album FLIP. En ce qui concerne la persévérance, le gout de l’effort et l’acharnement, le rappeur ne les a pas appris en planchant sur un bureau, mais bien en se relevant sur sa planche après avoir mangé le bitume : « Dix fractures, six entorses, ça renforce mais j’ai appris à aimer les bienfaits de sk’en ». Comme dirait l’autre, met un peu de pommade et c’est reparti pour un gros banger.
Le style EgoTrip
A l’image du petit prince seul sur sa planète, Lomepal s’est construit un monde imaginaire dans lequel le titre honorifique de Majesté lui est attribué. Loin de la Réalité commune et extérieur, il définit ses propres règles et crée sans limite, une œuvre artistique. Bientôt Seigneur sur Terre ? L’avenir nous le dira. « Ma musique, c’est mon monde, je risque rien puisque c’est moi qui écris l’histoire ouais / Parfois je m’invente une vie / J’ai peut-être peur de ne pas être si spécial, oh no / J’suis monté très haut mais j’ai peur du vide / Pour n’pas tomber, j’ai regardé vers le ciel, oh no ».
[palpal]
« J’veux un monde avec que des miroirs (hey)
Une radio qui passe que ma musique
Vous avez besoin d’un sauveur mais moi, je veux que m’amuser
J’étais déjà bien égocentrique
Quand j’avais dix balais de moins »
Lomepal jouit d’un comportement égocentrique. Au lieu de le dissimuler, il préfère en faire sa marque de fabrique et ainsi perfectionner son égotrip, un style propre à la culture rap. Sachant que l’égoïsme touche la majorité des gens dans notre société qui tend vers l’individualisme et dont l’attrait à l’image accroit le narcissisme, les gens se reconnaitront plus ou moins consciemment dans ses paroles. Bien entendu, il force le trait de son égocentrisme avec ironie pour que lui seul paraisse toucher par ce mal et que les autres puissent avoir la conscience tranquille. A la recherche de son reflet, Lomepal ne s’intéresse pas au trait personnel qui rend unique chaque individu. Dans une indifférence totale, il aimerait que sa musique se diffuse partout et parle pour lui. Les quelques mots qui lui restent à la bouche sont : « ça ne vous dirait pas d’être un peu plus stylés ? / J’en ai marre de parler de moi ».
[Lucy]
« J’ai rien appris, j’me vomis encore dessus comme un étudiant
A l’extérieur j’suis répugnant, à l’intérieur j’suis magnifique »
Le train de vie qu’il mène reflète l’apparence d’un jeune galérien. La Réalité morne, sans intérêt et dégoutante, le caractérise bien : « J’me vomis encore dessus comme un étudiant / A l’extérieur, j’suis répugnant ». Au fond ce qui l’aime, c’est user de son filtre imaginatif pour colorer sa vie fade. Son monde intérieur aux jolies teintes nuancées est représenté par un tableau qu’il a lui-même créé. Il est le seul à détenir la clef pour y accéder. Devant ce flow de couleurs, plus rien n’a d’importance. Le calme et le beau règnent. Symbole de son imagination, cette toile qui se cache dans les méandres de son être inspire sa musique : « A l’intérieur, je suis magnifique ».
[Avion]
« Tu croyais voir un génie sur son petit nuage
Mais c’est juste un rêveur recrachant sa dab
Rien de magnifique, les gens s’adaptent
La plupart des belles choses que j’ai vues sont des mirages, ouais
J’ai tout à fait conscience que je vis dans un monde imaginaire »
Le beatmaker du morceau Avion a produit une musique planante. Constitués essentiellement de synthé d’ambiance et de basses, l’instrumentale emporte l’auditeur dans un long voyage aérien. Tandis que le tempo se ralentit, la mélodie nébuleuse se fond dans la texture sonore. Cette atmosphère planante s’assimile à un cerveau ralenti par le THC. Nous nous envolons à bord de notre imagination. Les rêves montent à la tête puis la trajectoire s’élève. Immergé dans cette univers sonore, Lomepal ressemble à « un génie sur son petit nuage » alors qu’en réalité, il s’apparente davantage à « un rêveur recrachant sa dab [concentré de cannabis] ». Avant que l’avion ne se crash, le rappeur profite de cet état de vide dans lequel la gravité se dissipe, pour sortir ses meilleurs punchlines égotrip : « On me dit que chaque son, c’est le maillon d’une chaîne en or, Est-c’que j’ai des gènes hors normes ? […] La route est longue je me sens puissant depuis / Alors j’ai les chevilles qui gonflent comme si j’avais conduit huit ans de suite ».
L’Amour, mon amour
Le cœur de Lomepal est tiraillé par des émotions contradictoires. Aime moi et je te fuis, une suite de relations sentimentales embrasées qui ne supportent pas la tiédeur quotidienne. Un homme immergé dans la spirale du jeu de séduction, essaie de ranimer sa flamme intérieure. Entre les lignes, un message subliminal se devine. Conflit, sexe et intimité. Les voix faiblissent et progressivement, l’espace rétrécit. Les chuchotements privent à ce lieu, le silence qu’il attendait, car des paroles sensuelles sont murmurées au creux de l’oreille. « Elle s’étonne de voir le cœur de la bête / Y’a de la tendresse cachée sous les crocs de l’homme ».


[Yeux disent]
« Pas de vengeance, pas de sourire forcés
Yeux disent le contraire, yeux disent le contraire
J’ai craché des mots tranchants, fille n’a pas été blessée
Yeux disent le contraire, yeux disent le contraire
Oups, je l’ai touchée dans le cœur, aïe aïe »
L’Amour s’immisce dans cet album à partir du morceau Yeux Disent. Lomepal décrit le jeu de regard au sein d’une relation conflictuelle. Les yeux expriment une vérité que les paroles veulent atténuer. La rupture est imminente. Les émotions s’échauffent et le cœur se serre : « Elle est irremplaçable mais je m’en rendrai compte seulement quand elle sera partie ».
[Becane]
« Rappelle-toi avant l’orage, quand la ville était calme
Tes mains autour de moi, à deux sur ma bécane, on était déjà les rois
Dès le départ, sans freins »
Le morceau Bécane suit la route du passé. Tandis que les yeux se ferment, la nostalgie de l’être aimé anime l’imagination de Lomepal. Assis à l’avant d’une moto deux places, il s’éloigne de la grisaille des nuages et rejoint la passion amoureuse. « Sans freins », la bécane voyage vers l’origine d’une relation intime et sans fin. L’instrumentale aérienne refroidit et vente l’atmosphère sonore. Epris d’une fièvre amoureuse, Lomepal balbutie des mots : « Bébé, serre-moi fort, bébé, serre moins fort ». Les sensations fantasmées se contredisent et mettent en valeur une confusion des sentiments.
[Malaise]
« En enfer que des belles femmes, j’encaisse pas bien les symptômes
Tête chauffe comme un four, cousin c’est dur de réfléchir
La tentation devient néfaste, j’ai fait du mal à ma sainte paume
Couilles grosses comme un fugu, que c’est dur de réfléchir
Ayaya, ayaya, tout dans la queue, j’ai plus d’sang dans la tête
Ayaya, ayaya, c’est sûr, je vais faire un malaise »
Lomepal est pris dans la tourmente, l’attraction sexuelle lui est devenu insoutenable. Les formes féminines l’envoûtent et lui font perdre la tête : « Faut surtout pas que je cède à ses fesses, même si ça ressemble à de la guimauve ». A cause d’une forte attirance physique envers une ou plusieurs femmes, un désir quasi-bestial l’envahit. Les paroles deviennent instinctives : « Romantique, j’ai dit que j’savais lire tes yeux, ah j’espère que tu sais lire ma biiip ». Ses pulsations sexuelles sont à l’origine du morceau énergique Malaise : «On a fait « tchin-tchin » en boom, puis j’me suis retrouvé dans sa chambre / Elle a mis Billie Jeans en boucle, elle a pris mes litchis en bouche ».
[Danse – Lomepal feat Lost]
« Pauvre de moi, j’me souvenais pas qu’on avait le pouvoir de danser comme ça
Juste en se laissant aller, laisse-toi aller […]
C’est moi celui que t’as choisi pour te raccompagner
Seul avec toi, j’ai tellement d’chance
Dormir à tes cotés m’enchante
Allongé les deux yeux fermés, j’les ouvrirai si jamais tu m’enjambes »
A la suite d’une danse sensuelle sous les lumières artificielles, un slow érotique et charnel finit au lit. Les lèvres s’embrassent sans jamais s’en lasser et les corps s’enlacent sans que cela ne cesse. Sous les draps, deux êtres éprouvent du plaisir au cours d’une nuit suave et humide : « J’dois avoir la bite dans la tête quand tu me murmures dans l’oreille / Car j’ai l’impression qu’elle est tout près de ta bouche ». La chanteuse Lost et Lomepal s’unissent le temps d’une danse musicale.
Conclusion
Lomepal partage divers états émotifs à travers sa musique. Accordant peu de détails sur la vie personnelle du rappeur, le ressenti prime dans cet album où l’on vogue piste par piste mené par son flow de paroles. Après des années à exercer son pe-ra, Lomepal a développé un style d’écriture d’une oralité sublime, magnifié par la production musicale. Aucun morceau n’est à délaisser. En quelques sortes, les sentiments humains fleurtent ensemble pendant 1h07. Chaque émotion jouit d’une liberté si chère à l’artiste. Epris de peur devant la normalité, Lomepal pactise avec sa folie et cultive sa singularité. Enchainé au poids de son passé, ce perfectionniste s’est promis de briller, chose faite. Tel un électron libre, le rappeur gravite autour de diverses sphères musicales. Son style excentrique riche en couleurs, se faufile et glisse sur des sonorités électroniques alliant rythme et mélodie. Du banger Pommade à l’introversion du morceau Sur le sol en passant par l’érotisme de Danse ou le rap brut de Lucy ou Bryan Herman, la production musicale de FLIP est absolument indécente. Et pour cause, une armée de beatmakers et producteurs ont collaboré sur ce disque : Eazy Dew, Guillame Brière, Ideal Jim, JeanJass, Le Motel, Majeur-Mineur, Mohave, Ponko, Stwo, Superpoze, Veek Vidji et VM The Don. Après avoir conquis la France et également la Belgique grâce entre autres, à la participation de ses potes et rappeurs bruxellois Roméo Elvis, Caballero et JeanJass en featuring sur l’album, Lomepal attend sagement que son premier album soit certifié diamant. Un peu de patience et FLIP brillera du plus bel éclat.
[Sur le sol]
« J’ai connu le bling-bling, les galas, les pires décalages, les souffrances inégalables
Le manque de Dieu quand il est pas là
Heureu-heureusement, j’m’en sortirai par l’rap, les joints c’est pour empêcher les larmes de couler
Le scotch, c’est pour les choses irréparables
Hé m’man, tu veux un double scoop ? Quand j’prends ma mob alors qu’j’suis pété à la mort, c’est pas d’l’inconscience, non
C’est qu’j’en ai rien à foutre, mourir, j’en ai rien à foutre
J’touche du bois quand vient le feu, j’touche du fer quand vient la foudre
J’connais mieux la faucheuse qu’un infirmier en soins palliatifs
Si elle m’emmène, c’est sans regret, on verra c’que les cendres créent
Car il paraît qu’j’suis un artiste, c’est quoi un artiste ? Un bon à rien qui touche les autres
Tu veux un chef d’œuvre ? Allez c’est parti, et puis quoi j’vais m’faire sauver par qui ?
Dix ans qu’j’attends seul comme un gosse oublié sur un parking, merde! »


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