Opera Puccino, Oxmo

 Thématiques abordées : Fiction, Réalité, Enfance et Abandon

Posté le 14 Jan, 2021

Opera Puccino, Oxmo

Thématiques abordées : Fiction, Réalité, Enfance et Abandon

Posté le 14 Jan, 2021

Oxmo Puccino est un rappeur franco-malien originaire du 19ème arrondissement de Paris. Reconnu pour son écriture poétique, le rappeur ne laisse pas indifférent lorsque qu’il s’exclame de sa voix rauque et rythme son flow percutant sur des prods Boom-Bap. Le lien entre Oxmo Puccino et ses fans est chargé d’un profond affect qui ne faiblit à mesure que le temps s’écoule. Un évènement récent en témoigne. Pour les 20 ans de la sortie de son premier album Opera Puccino, l’artiste provoque une réaction inattendue de son public. En effet, son concert à l’Olympia est complet en moins de 3 jours.

Revenons aux prémices de sa carrière, le rappeur se fait connaitre du grand public en 1997 grâce à deux morceaux. Dans un premier temps, son apparition au côté de Booba sur le track Pucc Fiction de la compilation L432. Dans un second temps, le rappeur se révèle dans l’album Sad Hill de Dj Kheops, l’un des beatmakers du célèbre groupe IAM. Les auditeurs sont fascinés par les story telling de l’artiste qui les plongent dans un univers mafieux. Inspiré par des films de gangsters, Oxmo rappe des fictions très rythmées par le bruit, les rebondissements et l’action. Ses textes singuliers le différencient des autres rappeurs et lui apporteront le surnom de ‘’Black Mafioso’’. Par la suite, les membres de son mythique collectif Time Bomb, redéfinissent le rap français à son âge d’or, en 1998, grâce à leurs projets musicaux respectifs et, en autre, l’album Opéra Puccino.

Présentation de la pochette

Pochette de l’album Opéra Puccino

Présentation de la pochette

Jean Baptiste Mondino a réalisé cette pochette d’album. Notamment connu dans le milieu du hip hop pour la création de clip de rap français, ce photographe de renom a collaboré avec de nombreux chanteurs : Gainsbourg, Vanessa Paradis, Madonna, NTM et autres. Cette pochette présente au premier plan le rappeur Oxmo puccino de profil, éclairé par une lueur rouge dans la pénombre. Son regard livide rend indescriptible le sentiment qui l’anime. Deux masques aux expressions contradictoires remontent à la surface et dévoilent une dualité émotionnelle que le rappeur dissimule. Tragédie ou Comédie ? A l’arrière-plan, le rouge et le noir se mêlent dans une eau trouble. Cette affiche illustre la forme de divertissement prisée des mafieux italiens : Un opéra en 18 actes qui révèle la vie froide d’un assassin à la lame rougeâtre, la vie intérieure d’un rimeur aux larmes écarlates. Réel ou fiction ? Telle est la question.

Le black mafioso

Lors de l’interlude et de deux morceaux dans son album Opéra Puccino, le rappeur étend son univers mafieux. Tout d’abord, l’interlude intitulé Black Mafioso nous immerge dans l’organisation mafieuse. Nous entendons une communication téléphonique entre un chef mafieux, interprété par Oxmo Puccino qui donne des ordres à un italien. Les deux protagonistes qui se situent à deux niveaux hiérarchiques différents, entretiennent une liaison indirecte pour préserver une discrétion propre à ce milieu dans lequel se concrétisent des activités illicites. A la suite du coup de téléphone, l’italien est irrité de recevoir des instructions par un homme noir. Les paroles racistes de l’italien vis-à-vis de son supérieur assimilé à la figure du père, « padre », soulèvent une certaine hypocrisie. Cette attitude fourbe fait probablement écho à des discriminations que l’artiste perçoit à cause de sa couleur de peau dans les années 90 en France.

Dans la foulée le morceau Hitman s’enclenche telle la détente du pistolet entre les mains d’un tueur à gage. L’introduction par un scratch nous trouble jusqu’à que le charleston de l’instrumental nous heurte à plusieurs reprises. Les boucles rythmiques de la batterie nous entrainent en pleine action.

« Enchaîné jusqu’au cou, on roule pour mon transfert
Soit trois gus dans un bus de fer 
D’un coup le maton se lève brièvement brise
La nuque du chauffeur, la jette par le pare-brise »

Le mafieux Oxmo Puccino est jugé et amené en prison mais un plan d’évasion s’organise lors de son transfert. Le garde tue le chauffeur et pointera son flingue en direction du détenu. A l’instar des structures complexes des familles italiennes de la ‘’Cosa Nostra’’, la situation à l’intérieur du bus se complique. Le plan d’évasion n’est qu’une mission déguisée dont le véritable objectif est l’assassinat de Oxmo Puccino. Ce dernier s’en sort en provoquant un tête-à-queue du bus. Le garde succombe à l’accident et Oxmo Puccino, retrouvant sa liberté, cherche à remonter le réseau criminel qui a coordonné cette embuscade.

[Refrain]
« Le nom c’est O.X.M.O
Classé X tel les Men
Élément top secret »
(Alias Jon Smoke) [Back]

Au cours du morceau Alias Jones Smoke, Oxmo Puccino met en scène une nouvelle fiction. Cette fois-ci, l’histoire auditive nous expose la mission spéciale d’un agent secret à l’image de James Bond. Le protagoniste Jon Smoke est chargé par son boss de désactiver une bombe à temps. Le morceau fait référence à son collectif Time Bomb. Les citations dans le refrain « O.X.M.O » et « Classé X tel les Men » sont des clins d’œil à certains membres : Le groupe X-Men et le rappeur Oxmo Puccino.

Abdoulaye, alias Oxmo Puccino mélange les influences artistiques, ses story tellings s’inspirent de nombreux films sur le thème de la mafia ou de l’espionnage mais également de l’opéra La Tosca de Puccini. A travers son écriture éprise d’un imaginaire mêlant crime et chatiment, l’artiste prend d’assaut la musique française. Son flow de paroles rythmées nous rapproche de la détonation d’une dynamite, dans une dynamique palpitante.

 

Retour à la réalité

Habitué aux paysages bétonnées, l’homme qui n’a vu la mer qu’à 18ans dénonce sa situation au sein de la société où se mêlent le rouge et le noir, couleurs au fondement de ses fictions. Son imagination prend le relais et bâtit son univers meurtrier. A la suite de l’interlude Black mafiaso et du titre Hitman, le rappeur nous met en face d’une réalité, une sombre réalité qui rythme son quotidien au cours du morceau Qui peut le nier.

« Je fus le mec le plus tricard que je connaisse
Qui peut le nier ?
Trop longtemps resté
La main tendue à mendier le bien
Vu que leur seul souhait est que tu squattes la « téci »
On te jette en B.E.P quand tu souhaites faire une fac de Lettres
Bizarre comme les diplômes se ressemblent dans le ghetto »

De bonne volonté, Oxmo Puccino veut semer le bien autour de lui. Peut-être d’un optimisme à tout épreuve, il ne peut plus nier que l’égalité des chances dans la France des années 90 n’est qu’une jolie devise accrochée au mur de sa mairie du 19ème. Laissé à l’abandon, le rappeur s’est retrouvé dans l’impasse lors de l’entrée dans les études supérieures. Les politiques sociales font défaut alors qu’on sait que l’éducation conditionne la réussite professionnelle et sociale. Oxmo Puccino assouvira ses talents littéraires en se débrouillant hors du système en intégrant l’émulsion d’un nouveau genre musical, le rap. Une possible devise de cette musique émergente serait « L’obscurité la plus dense n’est jamais loin de la lumière la plus vive », tiré du morceau L’ombre sur la mesure du groupe La rumeur.

« La couleur de peau n’est qu’une raison pour haïr un homme
On remarque mon nom mais sur les autres on cause comme
« Bon bon ça va… »
Il n’y a que l’argent qui efface les différences
Tout le monde le sait, c’est con mais c’est vrai
De Times Square à Pont de Sèvres 
Les couples mixtes connaissent mon speech
Quand se marier devient le même dream que Martin Luther King »

Après avoir relevé les discriminations sociales qui plombent l’unité national et renforcent le communautarisme, Oxmo Puccino enchaine sur le climat raciste au sein de la société française des années 90. Alors que les croyances sociales se détournent des religions monothéistes au profit du sacro-saint dollar, le racisme ne se dissipe qu’à la condition d’être riche. Dans une société capitaliste où l’argent rassemble, les mariages mixtes peuvent être mal vus. L’irrationalité des français assimile l’homme d’origine africaine à un étranger, au mieux à un banlieusard. Pour Oxmo Puccino, se marier avec une femme des ‘’beaux quartiers’’ « De Times Square à Pont de Sèvres » n’était pas réaliste. Il fait référence au célèbre discours I have a dream du militant américain Martin Luther King.

« Je parle pour ceux qui pleurent des larmes rouges
D’avoir pris les armes prouvant qu’on est pas du même camp
[Refrain]
Et c’est chacun son camp
Chacun son camp
Même le plus niais ne peut le nier
Que c’est chacun son camp
Dis moi que c’est faux, hein ? »

Le rappeur Oxmo Puccino s’affirme comme l’élu qui rime au nom des exclus, les oubliés de la société qui n’ont aucun moyen de s’exprimer à part dans la catégorie fait divers des journaux parisiens. Mise à l’écart, ces jeunes de banlieue rejoignent l’économie souterraine constituée de différentes activités illicites. Dans cet engrenage dépourvu de justice et de loi, les individus se regroupent en clan, choisissent leur camp. La pauvreté les a rassemblés, leur quête de richesse les opposera. La guerre de territoire liée, en outre au trafic de drogue, demande de défendre son camp et de venger les siens. « Ceux qui pleurent des larmes rouges » sont immergés dans des conflits armés qui les dépassent. Ils sont épris de tristesse alors même qu’ils prennent leurs armes meurtrières. Leurs larmes rouges sont les prémices du sang qui va s’étendre sur le sol.

L’enfant seul

L’enfant seul est considéré comme un titre classique du rap français. Au delà d’être un bon conteur d’histoire et un bon rimeur en freestyle, Oxmo Puccino nous prouve magistralement avec ce morceau que son écriture revêt de la profondeur. Pilier du label Time Bomb, Dj Sek a conçu l’instrumentale constituée d’une boucle lancinante. La basse appuyée sur le premier temps introduit sur un tempo lent, l’arpège d’une guitare accompagné d’une batterie qui groove et de ses percussions de charleston. Fort d’une complicité artistique et humaine, leur collaboration a engendré un morceau vraiment intimiste auquel on s’attache sans s’en lasser.

« T’es comme une bougie qu’on a oublié d’éteindre dans une chambre vide
Tu brilles entouré d’gens sombres voulant t’souffler »

Oxmo Puccino entame le morceau avec cette phase. Il rappelle que l’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais bien un feu qu’on allume. La flamme est assimilé à une bougie qui se consume dans la solitude d’« une chambre vide ». Des gens qui entourent l’enfant sont représentés, semble-il, par leurs ombres sur le mur. La lumière de l’enfant s’oppose à l’obscurité des adultes. A l’image d’une bougie oubliée provoquant un incendie, l’enfant solitaire s’inhibe et plonge dans un chaos intérieur.

[Refrain]
« T’es l’enfant seul, je sais que c’est toi
Viens-tu des bas-fonds ou des quartiers neufs ? Bref, au fond tous la même souffrance » x4

Oxmo Puccino s’adresse à l’enfant seul. Il l’interpelle et aimerait communiquer avec lui. Le rappeur sait que l’enfant n’a pas encore les clefs pour exprimer ses possibles souffrances. Il voudrait l’aider qu’importe son milieu social, qu’il soit issu d’une famille pauvre ou riche. La répétition du refrain à quatre reprises provoque une forme d’insistance qu’à Oxmo de converser avec l’enfant. On remarque également à l’écoute du morceau que le mixeur a conçu des panoramiques destinés à créer un espace sonore lors du refrain. Les paroles se déplacent de gauche à droite permettant au rappeur de renforcer encore une fois le dialogue musical.

« Mes mots s’emboîtent
les gens s’y voient comme dans une flaque d’eau
Ça leur renvoie un triste reflet, mais est-ce ma faute ? »

L’eau est un symbole miroitant qui nous renvoie à nous-même à travers notre passé et ses souvenirs. A l’écoute apaisante de l’écoulement continu de son flow, la poésie de l’artiste s’entend tel un ruisseau souterrain perçu par notre ouïe. Les mots d’Oxmo Puccino, tout autant que cet élément naturel qui descend des montagnes, permet à l’individu de se mettre en contact avec son monde intérieur et de se confronter à ses sentiments profonds et parfois douloureux.

« L’enfant seul c’est toi, eux, lui, elle
Oxmo Puccino voix de miel »

Les deux phases clôturent le morceau en beauté. Oxmo Puccino modifie la phonétique du mot miel en la transformant d’une syllabe à deux. Grâce à ce procédé qui se nomme la diarèse, « voix de miel » se rappe en quatre mesures, tout autant que « toi, eux, lui, elle ». Lors de la première mesure, les quatres syllabes toi, eux, lui, elle s’associent parfaitement aux quatre temps de percussion de la batterie. Lors de la deuxième mesures Oxmo Puccino accentue la symétrie rythmique en rappant a cappella les quatre temps de la deuxième mesure voix de miel. Cette subtilité musicale renforce la relation entre « L’enfant seul » et « Oxmo Puccino ». Cette chute ne nous fait plus douter, l’artiste s’identifie à l’enfant seul qu’il décrit tout au long du morceau. Ce dernier nous reconnecte à notre enfance que l’on a souvent dû délaisser en devenant adulte. La solitude de l’enfant résonne en chacun de nous à l’écoute de ce classique du rap français.

L’enfant est vulnérable, son apprentissage pour devenir adulte est long. Son innocence, empreinte de pureté, méconnait encore le mal. Il ressent beaucoup d’émotions vives mais n’arrive pas à les exprimer avec aisance. Lors de sa croissance, il est si facilement blessé et meurtri. Il peut essayer encore et encore mais rien n’y fait, les mots chargés d’un lourd affect ne sortent pas. Le petit que nous avons été est toujours présent en nous. Plus la blessure qu’il a subi est profonde, plus nous la dissimulons dans un gouffre intérieur afin de franchir ce cap éprouvant, devenir adulte. A présent, Oxmo Puccino ouvre une porte à travers son morceau L’enfant seul, afin de faciliter un dialogue introspectif avec lui-même. Nous ne sommes pas totalement différents de notre enfant intérieur. Nous ne sommes pas deux entités distinctes mais ne formons pas un non plus. L’un influence l’autre. Sans revenir sans cesse au passé et revivre nos souvenirs douloureux, le dialogue permet de s’unir dans l’instant présent.


Pochette de l’album L’arme de paix

L’abandon

Les trois prochains morceaux décrivent un thème central dans la vie du rappeur. Pour faire cela, Oxmo Puccino a peint trois tableaux aux couleurs chaudes qui se sont assombris au fur et à mesure que le temps s’écoule. Ainsi, une troisième dimension, temporelle, se fond sur ses toiles. Epris de profondeur, il nous dévoile un sujet cher à son histoire, l’abandon.

[Refrain – K-Reen]
« Dans la magie des premiers jours
On s’était dit des mots d’amour
Qu’en est-il ? Les yeux nous pleurent
Tu n’es qu’à une larme de la haine
Dans la magie des premiers jours
On s’était dit des mots d’amour
Qu’en est-il ? Les yeux nous pleurent
Rien ne dure toujours »

Dans le morceau Le jour où tu partiras en feat avec la chanteuse K-Reen, les deux artistes nous narrent une histoire d’amour. Commençant par aborder les débuts de la relation amoureuse où se mêlent les passions, « Dans la magie des premiers jours », le romantisme noue un désir profond entre les deux êtres. « On s’était dit des mots d’amours ». Le temps passe et peu à peu, le lien si intense se dilate. La chanteuse, voix féminine de l’histoire, exprime ses doutes et ses désillusions face à cet amour en déclin. « Tu n’es qu’à une larme de la haine » dévoile avec justesse l’émergence des émotions contradictoires qui touche Oxmo Puccino, protagoniste masculin, qui subit la rupture amoureuse. La relation chavire, la tristesse sombre dans une profonde haine. Le sentiment d’abandon fait surface.

« Aimer ses amis sans baliser, croire qu’la vie est longue
Jusqu’à réaliser l’erreur lors d’une fin de vie
Le pire dans la perte c’est pas l’être aimé
Mais le temps de s’consoler
Car quand on meurt c’est pour si longtemps
Ce qui est à craindre c’est qu’à force
Que tes proches se taillent à la morgue
Tu finis par être plus mort qu’eux
Vu qu’à chaque fois qu’on perd quelqu’un de cher
On meurt aussi un peu
Facile d’écrire mourir mille fois »

Tout au long de l’album, Oxmo Puccino nous révèle la forte valeur qu’il place dans l’amitié. Véritables piliers dans sa vie, ses relations amicales sont une écoute à toutes ses peurs et ses espoirs mais également des partenaires avec qui il peut profiter de la vie, en rappant la journée ou en sortant le soir. L’attachement envers ses amis, qu’ils nomment « loubards » l’a plongé dans d’effroyables tourments lorsque, succédant à des bons moments, l’un d’eux décède. Cette triste nouvelle agit comme un tournant dans sa vie. Dorénavant, Oxmo Puccino fait face à la mort. Endeuillé, « Le pire dans la perte des proches c’est pas l’être aimé mais le temps de se consoler ». De nombreuses épreuves existentielles s’abattent sur le rappeur au cours de ce temps infini. « Tu finis par être plus mort qu’eux ». Abandonné dans un gouffre intérieur, Oxmo Puccino ressent le sentiment d’avoir perdu une partie de son identité. En effet, une partie de son ami subsiste et continue d’exister dans l’ombre du rappeur. Cette importante charge affective, jouissant d’une certaine autonomie, est indépendante de la volonté de l’artiste et, sans défense, le submerge 1000 fois. L’instrumental clavecin signé Dj Sek apporte une atmosphère solennelle à ce morceau au titre symbolique d’une souffrance qui jamais ne cesse, Mourir 1000 fois.

« Quoi ? Etonné que je parle comme ça à l’âge que j’ai ?
Fait chier d’errer en chien, l’air de rien, on se laisserait rêver
De pouvoir mettre un terme, un point final à tout ce qui merde »

[Refrain : Oxmo Puccino]
« Je compte plus les nuits où j’ai rêvé de cesser une vie
Les fois où dans le fond je me demande ce que je fous
C‘est parce qu’on se dit que ça va s’arranger qu’on reste ici
car c’est la loi du point final qui nous tient debout» x3

Seulement âgé de 23ans, Oxmo Puccino n’a pas attendu plus longtemps pour se mettre à nu sur son premier album Opéra Puccino. Dans le morceau La loi du point final en featuring avec le rappeur Lino, les deux artistes tentent de mettre un terme à tout ce qui les rongent. Dans un premier temps, leur peur noire face à l’extérieur à travers ses deux mesures chocs. « Tu m’fais flipper comme mes potes perdus dans la tec’ / comme des boy-scouts sans boussole qui s’bousculent au fond du gouffre ». Dans un second temps, Oxmo Puccino témoigne de ses pensées suicidaires. Il libère sa parole à propos de ce sujet souvent douloureux, « je compte plus les nuits où j’ai rêvé de cesser une vie ». Il rappe que l’espoir fait vivre, « c’est parce qu’on se dit que ça va s’arranger qu’on reste ici », et s’éloigne de cet acte irréversible.

Conclusion

Inspiré par un riche héritage culturel français, le rappeur guide sa plume sur le papier jusqu’aux strates les plus profondes de son être. A même de créer une véritable atmosphère musicale où l’on plonge dans l’action de son imagination, Oxmo Puccino est également capable, au cours de morceaux davantage introspectifs, de faire résonner les émotions enfouis chez ses auditeurs. Le fin maniement de la langue française avec l’attitude cain-ri propre au rappeur dans son flow et les intonations de sa voix, le positionne sur deux dimensions musicales différentes. Cette prouesse lui permet d’élargir son public pour son premier album Opera Puccino. Ce classique du rap français laisse une trace considérable dans l’histoire du genre musical. Oxmo Puccino a perfectionné son sortilège et le jette sur l’affect de ses fans depuis plus de 20 ans à coup d’un flow novateur et d’une écriture poétique. Jamais un rappeur français n’aura tissé un lien émotionnel aussi profond avec ses auditeurs.

Le rythme des mots, une palette d'émotions, une instrumentale. La recette d'un album de rap.

Vous aimeriez aussi :

Détournement de son, Fabe

Détournement de son, Fabe

Début des années 90, Fabe vide ses bombes en graffant les murs. Son terrain de jeu n’a plus de limite, il s’approprie l’espace public. Très tôt, le besoin de s’exprimer le démange. En marge de la société, un sentiment de différence s’instaure. Né en France d’une...

Trinity, Laylow

Trinity, Laylow

Originaire de Toulouse, Laylow est un artiste touche à tout. Cette autodidacte, chineur de vidéos youtube, a appris à manier une vaste étendue de logiciels 3D et de beatmaking. Cette polyvalence lui a ouvert le champ des possibles. Ne voulant pas limiter son délire...

FLIP, Lomepal

FLIP, Lomepal

L’album FLIP représente l’ascension de Lomepal. Celui qui aime se qualifier de jeune galérien ou de bon à rien, s’est enfin fait reconnaitre à sa juste valeur. Depuis 2010, le rappeur bouffe du rap si ce n’est pas le sol après s’être mangé en skate. Que ce soit sur sa...

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *